Depuis quelques mois, la presse parle de plus en plus d’une nouvelle façon de créer des objets : l’impression 3D. Devenue abordable, elle redéfinit notre manière de concevoir et créer notre environnement. Pouvons-nous dès lors imprimer nos propres répliques ?
Nous avons rencontré Snorri, airsofteur et geek, qui explore les limites et les utilités de cette nouvelle technologie.
Peux-tu te présenter et nous dire comment tu es arrivé à l’airsoft ?
Salut. Mon pseudo est Snorri. J’ai 31 ans, j’habite Bruxelles et suis Cameraman.
J’ai commencé l’airsoft en 1999 ou 2000, je ne sais plus exactement. Ma première réplique était un spring, un Desert Eagle de chez Marui. Je jouais avec mes potes dans des jardins ou dans les bois. Rapidement, j’ai acheté un AEG (un Steyr AUG Marui) et j’ai trouvé un groupe de joueurs sur Bruxelles. J’ai pas mal joué en Belgique et en France pendant 5-6 ans. J’ai fait une grosse pause et ai repris il y a une petite année. Je surveillais l’évolution de l’airsoft d’un coin de l’œil, il y a eu de grosses évolutions dans le matos !
Comment as-tu pris conscience des possibilités de l’impression 3D ?
Je suis un peu geek et j’adore les nouvelles technologies. Pas le nombre de pixels des iPhone : je parle de trucs vraiment innovants, comme les drones ou les imprimantes 3d. J’ai toujours suivi ça, je lorgne dessus depuis des années, mais les prix étaient encore bien trop haut. Je suis dans le milieu de l’audiovisuel : je manipule des programmes graphiques et c’est tout naturellement qu’on en arrive à la 3D.
Bien sûr, je ne suis pas un graphiste 3d, loin de là. Mais, avec certains outils faciles à prendre en main, j’arrive à fabriquer quasiment tout ce que je veux.
Avant les imprimantes 3D, je me suis intéressé aux CNC, mais j’ai abandonné l’idée. En appartement, le bruit et la poussière n’auraient pas été gérables. Par contre, les pièces produites en CNC sont vraiment belles et précises.
Bref, chaque technologie a ses avantages, mais finalement c’est l’impression 3d qui m’a le plus séduit.
Quelles sont, à ton avis, les perspectives de l’impression 3D vis-à-vis de notre passe-temps ?
Je pense que d’ici 10-20 ans tout le monde aura une imprimante 3D à la maison, mais ça n’aura plus rien à voir avec nos imprimantes amateurs actuelles. Elles pourront imprimer des composants électroniques, des écrans, des batteries… ça va totalement révolutionner notre façon de consommer (et la propriété intellectuelle). Forcement ça va impacter sur notre hobby, on ira plus acheter sa prochaine réplique, on la personnalisera avant de l’imprimer. On a le temps de voir venir, mais dès maintenant l’impression 3D peut être utile à notre hobby :
- d’abord en utilisant cette technologie comme on est censé l’utiliser : fabriquer des prototypes avant de faire usiner/produire autrement les pièces finales ;
- on peut aussi utiliser les imprimantes 3d à filament pour faire des pièces fonctionnelles, et en travaillant un minimum on peut même obtenir de très jolies finitions ;
- on peut aussi se servir de ses pièces en plastique pour tirer des copies en métal avec la technique de la « cire » perdue.
Bref, il faut – pour le moment – considérer l’imprimante 3D comme un outil (très performant) de plus à notre disposition, pas un « réplicateur » sorti d’un film de science-fiction (je parle des imprimantes accessibles au grand public, les imprimantes 3D pros sont très impressionnantes).
Peux-tu me décrire ton dernier projet finalisé ?
C’est un lance-grenade de 30 cm, qui a été imprimé en 11 pièces. Ensuite, il y a eu un gros travail de finition, passage au primer et multiples ponçages pour ne plus voir les lignes d’impression. Pour finir, elle a été peinte. Je me suis amusé à texturiser le repose-main pour donner un effet bois, j’ai enfin rajouté un petit grip en cuir que j’ai vieilli pour le look « Mad Max ». J’adore les lance-grenades et les grenades 40mm, ce sont des systèmes très simples : on peut vraiment se lâcher sur le design.
En ce moment, sur mon balcon, une mine à base de grenade 40mm est en train de sécher. Sur ce projet, les finitions seront moindres vu que la mine est vouée à être enterrée. J’apporte une attention particulière à la surface de pression de la mine, pour qu’elle soit facilement camouflable.
J’aimerais bien commercialiser mes créations, mais bon, je commence par tester mes produits en jeux.
Par la suite, j’expérimenterai les matières à utiliser pour les moules et la résine à tirer. Le plastique imprimé est super solide et léger, mais ça prend des plombes à imprimer. Commercialement, ça reviendrait trop cher.
As-tu un gros projet en conception, pour le moment ?
J’ai beaucoup de projets en cour, j’ai la fâcheuse tendance à modéliser plus vite que je ne peux imprimer. Je vais commencer par liquider mes petits projets, comme les couteaux (avec une lame molle, bien sûr) et les claymores.
J’ai ensuite 2 projets majeurs :
- un Bolter « Space Marines » qui est prévu pour accueillir une réplique à gaz, mais je pense de plus en plus modifier mes plans pour y mettre une gearbox et en faire un Aeg ;
- mon projet le plus ambitieux, presque termine, est un lance-grenade automatique à bande… tout en finesse, quoi.
Ce sont des projets qui demandent entre 200 et 400 h d’impression chacun. J’avance doucement, mais sûrement
Quel matériel et quel logiciel utilises-tu ?
J’ai à ma disposition une Ultimaker 2 (http://youtu.be/OLmRlGIYs6k). Je modélise principalement avec Sketchup, j’utilise Sculptris pour les modèles plus organiques, Meshlab comme soft de conversion, Netfabb pour nettoyer les objets et être sur qu’ils sont imprimables et Cura pour générer le gcode. Ce sont tous des programmes gratuits.
Vous trouverez la page de Snorri ici :
https://www.facebook.com/SnorriArms
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