Peux-tu te présenter en deux minutes ?
Je suis Tanguy Vanhorick, vice-président et trésorier de la Fédération Belge d’Airsoft. Je suis — d’autre part — courtier en assurance depuis un peu plus d’un an. Je travaille depuis quelques années déjà dans le monde de l’assurance.
Depuis combien de temps joues-tu à l’airsoft ? Que fais-tu, quel est ton plaisir, et avec quoi joues-tu en général ?
J’ai commencé l’airsoft il y a trois ou quatre ans, je ne sais même plus la date exacte. J’y suis arrivé tout à fait par hasard : en donnant une formation en assurance, le sujet à dévié sur les armes. Un de mes élèves m’a dit faire de l’airsoft : on en a discuté un petit peu et puis j’ai laissé traîner. Six mois plus tard, je me suis renseigné, j’ai commencé à fouiller sur internet et je me suis rendu compte qu’il y avait des terrains un peu partout. J’ai été jeter un coup d’œil pour prendre des infos. J’ai tout de suite mordu. Le week-end suivant, je suis revenu totalement équipé : tenue ABL, chaussures de sécurité et ma première réplique, un XM8 SRC (une réplique assez futuriste : je suis assez orienté haute technologie et répliques non standard).
J’ai commencé sur le terrain comme ça : un petit airsofteur ne connaissant absolument rien et trompant les gens, il est assez rare qu’un noob arrive le premier week-end tout équipé. J’ai accroché et ai changé de réplique : je suis passé par un G36 long de la même marque (SRC) pour avoir les chargeurs interchangeables. Au fur et à mesure, j’ai développé mon équipement : mon premier GBB était un Desert Eagle, trop lourd à porter à la cuisse. Je suis passé au 5-7 et puis au Beretta M9. En réplique longue, je me suis outillé pour pouvoir faire face à tout : P90 Marui, shotgun et deux fusils Tanaka (un m24 et un m700) fonctionnant au gaz. Les répliques que j’utilise sont en général le P90, le Tanaka m24 pour le snipe, le 5-7 et le Beretta M9 que j’emporte en général ensemble, « au cas où ».
Que recherches-tu dans l’airsoft ?
C’est avant tout un loisir. Je suis passionné d’armes depuis un petit bout de temps et ai dévié vers les répliques. J’ai – un peu par hasard — eu ma première réplique entre les mains à 12 ans : j’aimais déjà tirer avec des billes. Au fur et à mesure, ce qui m’a plu, c’est l’ambiance. Parce que l’airsoft, oui, ce sont des simulations de combats, mais, en fait, on ne combat jamais. On est toujours entre potes, dans une bonne ambiance, avec un BBQ… c’est la partie « accessoire » qui est devenue ma principale motivation au fur et à mesure du temps. Bien que j’aime encore coller quelques billes bien placées !
Tu joues souvent ?
Autant que faire se peut, quand je ne suis pas débordé par les tâches administratives de la FBA. J’essaie, quand je peux, tous les week-ends.
Qu’est-ce qui fait qu’un joueur décide, un jour, de s’engager dans la fédération de son passe-temps ?
Je me suis renseigné concernant les assurances pour airsofteur et suis tombé par hasard sur la FFAB, créée par Mr Notte. J’y suis allé, ai parlé avec lui. Je trouvais intéressant de fédérer les airsofteurs, de leur fournir une assurance spécifique ! J’ai proposé mon aide, notamment informatique. L’année suivante, je suis revenu et me suis affilié à nouveau. Après que j’ai dit que j’étais comptable de formation, il a lancé l’idée de créer une ASBL. Voulant faire avancer l’airsoft, je me suis proposé. De fil en aiguille, on a créé l’association. Début de cette année, on l’a consolidée, stabilisé ses fondations, et on va de l’avant.
En lisant les commentaires sur internet, la première chose que l’on remarque est une forte réserve des joueurs vis-à-vis d’une ASBL, voire même de l’utilité d’une fédération. Qu’en penses-tu ?
Début de l’année, nous avons fait pas mal de nettoyage, consolidé les bases. Beaucoup de problèmes du passé ont fait surface. Le but était d’avoir une association saine.
Malheureusement, une image négative persiste, il va falloir faire ses preuves, montrer que l’ASBL est gérée correctement et qu’elle travaille dans l’intérêt des airsofteurs.
L’intérêt d’une fédération est que l’airsoft – contrairement au paintball — n’est pas reconnu officiellement. Lorsque le paintball est apparu, les joueurs portaient des tenues fluo et leurs lanceurs ressemblaient à tout sauf à des armes. Bref, c’étaient de joyeux lurons qui s’éclataient des billes de couleur sur la tronche. L’airsoft, lui, est apparu avec des tenues de type militaire, des répliques ressemblant fortement à des armes. Ça fait peur aux gens et aux politiciens ! Les apparences jouent contre nous… Notamment, en décembre passé, une interdiction de l’airsoft a été promulguée à Lessines. Des jeunes auraient été vus sur la voie publique avec des répliques à la main. Le bourgmestre, sachant qu’il y a des terrains d’airsoft sur la commune, a fait purement et simplement interdire l’activité sur toute l’entité. Les personnes aperçues sur la route ne font pas partie des équipes présentes sur les terrains ce jour-là, mais l’interdiction est tout de même tombée !
Il y a des procédures en cours pour lever l’interdiction, notamment au niveau du ministre Furlan et au Conseil d’État. Il y a quelques incohérences dans les textes communaux sur lesquels nous argumentons. De plus, on ne peut pas interdire une activité sur un terrain privé sauf s’il y a risque d’émeute ou un danger grave pour la population ce qui, en l’occurrence, n’est pas le cas. Il y a eu un problème similaire à Mettet en 2011.
Donc, le but de l’ASBL est de défendre l’intérêt des airsofteurs ?
Notre loisir se développe très rapidement. Le grand public, peu et mal informé, s’inquiète de plus en plus. Les problèmes vont se multiplier. Si on ne réagit pas, l’airsoft risque d’être purement et simplement interdit. Notre seule issue est de le faire reconnaître en tant que sport. Les lois sur les milices privées (qui ne s’appliquent pas aux sports) ne pourront donc pas être invoquées pour nous empêcher de jouer.
Pour ce faire, il y a deux objectifs à atteindre : la reconnaissance du BLOSO (l’équivalent de l’ADEPS en Flandre) qui nécessite 500 membres, et celle de l’ADEPS qui en nécessite 1000. En Flandre, l’airsoft est déjà connu de la FROS, une subdivision du BLOSO qui référence les sports amateurs.
Le but est donc de pousser nos élus à nous reconnaître et à légiférer, ce qui les rassurera. Pour nous, ça ne changera pas grand-chose.
Quels sont les indices qui laissent à penser qu’il y aurait sous peu une interdiction pure et simple de l’airsoft ?
Le nombre de plaintes qui sont déposées. Je viens encore d’en recevoir une, concernant une équipe qui ne respecte pas les distances de sécurité avec le voisinage. Beaucoup d’airsofteurs ne connaissent pas les lois à respecter. Les gens prennent peur, s’adressent à la police, qui fait remonter l’information au bourgmestre. Lui, ne sachant que faire, prend des mesures drastiques. Ces faits sont de plus en plus médiatisés dans une certaine presse qui y voit une bonne manière de faire des « une » à scandale.
Quelles sont les missions de l’ASBL ?
La première mission de l’ASBL est d’informer les airsofteurs et de les protéger. Au niveau des assurances, nous couvrons en responsabilité civile et en individuel accident. Il faut savoir que, sur un terrain, un joueur n’est pas considéré comme un tiers vis-à-vis des autres. Donc, si une personne à une dent cassée, s’est sa propre assurance qui va intervenir. Contrairement à ce que beaucoup croient, « l’assurance familiale » n’interviendra pas ! L’assurance comprend aussi une protection juridique, au cas où. On espère bien sûr ne jamais devoir s’en servir.
On fournit également une carte de membre, qui aide en cas de contrôle de police. Nos répliques sont légalement considérées comme des armes. Elles ne peuvent pas être transportées sans motif légitime. Cette carte prouve au moins que vous êtes un airsofteur et peut vous éviter une confiscation. Cela n’empêche, bien sûr, que vous devrez toujours pouvoir justifier la raison du transport des répliques.
Concernant l’information, peu d’entre nous connaissent les tenants et les aboutissants de règles pratiquées sur nos terrains. Les joueurs ne respectent vraiment les règlements que s’ils comprennent pourquoi elles existent. Voilà pourquoi nous voulons les informer.
Au point de vue politique, nous profitons des élections pour faire parvenir un mémorandum aux politiciens. Nous leur communiquons un dossier balistique démontrant la non-dangerosité des répliques, excepté pour les yeux à courte portée. Une fois que le CQB de la Fédération sera opérationnel, nous y ferons venir des écoles. Lorsque vous faites venir des enfants, les premières personnes concernées sont les parents : on va donc pouvoir les informer aussi. Ce sera positif au niveau de notre image. Si on prouve que tout est bien encadré, les gens seront rassurés. Dans le CQB toujours, on va essayer de faire venir la police. S’ils nous connaissent et viennent couramment, ils auront une meilleure image de nous et appréhenderont mieux les éventuels problèmes concernant l’airsoft.
En dehors du CQB, nous allons former les airsofteurs. Le but est d’avoir plus de secouristes sur les terrains. Bref, augmenter le niveau de sécurité pour montrer que, bien qu’on s’amuse, on le fait dans le respect des règles.
« Une fédération, n’est-ce pas que des gens qui se rencontrent pour boire des verres, discuter sans jamais agir ? »
C’est une manière de voir les choses… voyons plutôt les faits. Malheureusement, depuis la restructuration de janvier 2014, on a fait pas mal de modifications, on est effectivement beaucoup dans de l’administratif. On a énormément de travail pour préparer les dossiers, vérifier les informations, etc. Il faut que toutes les informations que nous transmettons soient correctes : une mauvaise information fait plus de dégâts que pas d’information du tout. C’est pour ça que, lorsqu’il y a des questions auxquelles je ne sais pas répondre, je préfère dire que je ne sais pas plutôt que d’essayer d’inventer une réponse qui sera probablement fausse.
Autre phrase qu’on lit assez souvent sur les réseaux sociaux, c’est « ils se disent mes représentants, je n’ai jamais demandé à ce qu’ils le soient ! »
Effectivement, très peu de gens ont demandé que nous soyons là : on a débarqué un peu par hasard. Nous essayons de faire ce que nous estimons être juste pour défendre les airsofteurs. Pour l’instant, les joueurs restent tous dans leur coin et c’est leur plus grande faiblesse. N’oublions pas la devise belge, « l’union fait la force ». Notre premier job est d’essayer de réunir les airsofteurs : plus nous serons nombreux, plus les politiciens nous prendront en considération. Il y a plus de 5000 airsofteurs en Belgique, il faut 1000 affiliés. En théorie, c’est très facile. En pratique, ça l’est beaucoup moins…
« Bah, si interdiction il y a, je reste dans mon petit terrain à moi et personne ne saura jamais que je joue ».
C’est une possibilité… en sachant ça va devenir une infraction aux lois, passible de saisie des répliques, voire d’amendes et d’emprisonnement selon la gravité des faits et des récidives. Ça peut aller très loin. L’autre solution, qui a déjà été lue sur Facebook, est d’aller jouer en France. Effectivement, c’est possible. Personnellement, je préférerais jouer près de chez moi plutôt que de devoir faire 100, 200, 300 km tous les week-ends. J’imagine mal ceux qui ont une famille se lever à 2 h du mat pour aller sur un terrain et revenir à 22 h 30 en expliquant à madame et aux enfants qu’il a été jouer trois heures… En théorie, c’est faisable. En pratique, ça va être la mort de l’airsoft. Seuls les plus acharnés resteront. De plus, si la possession de répliques est réglementée, ça risque de poser des problèmes aux magasins. Si – comme les armes de chasse – elles doivent être déclarées, je doute fort qu’il reste beaucoup d’airsofteurs en Belgique.
Quelles sont les sources de revenus de l’ASBL ?
Les sources de revenus sont les affiliations, dont une partie est consacrée aux assurances. L’autre partie est consacrée au développement de l’ASBL, notamment les investissements de matériel puisqu’on doit tout acquérir (l’ASBL est neuve). L’autre source de revenus est notre présence aux « CQB events » à la citadelle de Givet, où nous vendons des hamburgers. La troisième, que nous développons actuellement, est le CQB qui – on l’espère – va être la plus grosse partie des revenus de l’ASBL.
En revenus indirects, nous avons des sponsors. Nous avons un accord avec Cybergun, qui nous soutient pour le CQB en fournissant du matériel.
Concernant le CQB. Qu’allez-vous y faire ? Quelle en sera la taille ? Qui pourra y venir ?
Nous avons un hangar de 1500 m2, dont 1300 utilisables et séparés en deux parties. Dans un premier temps, nous développons un speed game, de petites parties rapides pour un nombre maximal de 12 personnes. Dans l’autre partie du hangar, on va monter un CQB beaucoup plus grand, sous forme de village, permettant plus de scénarios. Nous allons aussi développer une pratique un peu moins connue : l’IPSC, le tir sportif. On va utiliser le village comme décor et y placer des cibles électroniques. On essaie aussi d’avoir d’autres sponsors en dehors du monde de l’airsoft. On espère que le village pourra accueillir 20 ou 30 personnes.
Il va aussi servir pour former les ados aux règles de sécurité, à la police pour s’entraîner, etc. Concernant des tarifs, le but est de rester dans les normes : nous ne voulons pas faire de la concurrence déloyale.
Le CQB financera les divers frais liés à l’airsoft, notamment — j’en parlais tout à l’heure — pour l’intervention à Lessines. Les avocats coûtent cher : plus on aura de moyens, meilleurs seront les avocats. Lorsqu’il y aura reconnaissance du sport, s’il y a des obligations à respecter au niveau de la sécurité du terrain, des aménagements à faire, etc., la fédération pourra aider les teams à se mettre en ordre. Évidemment, les équipes affiliées auront priorité.
Quand pensez-vous ouvrir le speed game et le CQB ?
Le Speed game sera la première partie ouverte. On a lancé toutes les demandes d’autorisations. Il reste un peu de travaux à faire. On espère pouvoir l’ouvrir dès que possible. On verra si tout suit au niveau administratif. Pour l’autre partie, cela dépendra beaucoup de la vitesse d’avancement des travaux. Ce sera probablement entre juillet et septembre de cette année.
Comment vois-tu ton avenir dans l’airsoft ?
J’ai l’opportunité de remplacer quelqu’un pour Border War, du MilSim. Je vais découvrir cette facette, que je n’ai jamais pratiquée puisque je n’ai pas encore eu l’occasion de voyager beaucoup : ça va me servir d’expérience. J’ai eu l’occasion de faire de l’airsoft « classique », de l’IPSC,… maintenant, je teste le MilSim !
Mon but est de m’amuser. Tant que je trouverai des parties le dimanche, je continuerai à m’y éclater en travaillant les autres jours de la semaine pour que je puisse continuer à aller jouer en airsofteur lambda et faire les BBQ dans la plus pure tradition de l’airsoft !
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